Face à la recrudescence de l’épidémie de covid-19 en France, l’URPS CDLB souhaite vous rappeler les recommandations de prise en charge pour les soins bucco-dentaires, synthétisées en date du vendredi 30 octobre 2020. Cette synthèse a été établie à partir de la dernière version du « Guide Soignant » proposé par l’Ordre National des Chirurgiens-Dentistes.

Les soins bucco-dentaires nécessitent jusqu’à la normalisation de la situation sanitaire :

  • Une information préalable des patients quant aux modalités spécifiques mises en place 
  • Le respect des mesures habituelles de prévention du risque infectieux 
  • Le respect des mesures barrières par les patients (distanciation, port du masque, solution hydroalcoolique…) 
  • Une organisation fonctionnelle et matérielle particulière des locaux professionnels 
  • Une évaluation préalable des patients 
  • Le report de certains actes en fonction des situations 
  • Une planification des rendez-vous et une procédure d’accueil des patients spécifiques 
  • Une tenue de protection adaptée (protection oculaire systématique, masque FFP2 si indiqué…) 
  • La mise en œuvre de protocoles spécifiques pour les soins et le bionettoyage.

La salle d’attente doit :

  • être débarrassée de tout objet de type magazine, livre, revue et jouet 
  • proposer une nombre de places assises limitées et espacées d’un mètre 
  • être aérée trois fois par jour 
  • mettre à disposition SHA, mouchoirs à usage unique, poubelles couvertes et affiches des recommandations.

La salle de soins nécessite :

  • un carton ou un sac DASRI immédiatement accessible 
  • un bac de pré-désinfection avec couvercle 
  • des surfaces de travail dégagées au maximum, pour être facilement nettoyables 
  • des protections pour les équipements ne pouvant pas être retirés des plans de travail 
  • de nettoyer régulièrement le matériel informatique et téléphonique.

Le renouvellement de l’air :

  • doit durer au moins 15 minutes, fenêtre grande ouverte après chaque patient du groupe 2 et chaque soins générant une quantité importante d’aérosol et ce, avant l’entrée d’un nouveau patient 
  • doit se faire dès que possible et pendant toute la phase de bionettoyage 
  • l’ensemble du cabinet doit être aéré au moins 3 fois par jour.

La climatisation :

  • Les climatiseurs mobiles sont à proscrire.
  • Les climatiseurs ne ventilent pas.
  • Si la climatisation est utilisée, il est recommandé d’utiliser les filtres les plus performants.
  • Les épurateurs d’air ne dispensent pas d’une ventilation des locaux.

Il faut inciter les patients à se présenter au cabinet uniquement sur rendez-vous après une première évaluation.

Cette évaluation permet d’établir une distinction entre :

Groupe 1 : un patient ne faisant pas partie du groupe 2.

Groupe 2 :

  • Patients Covid-19 avéré non guéri (a) (= patient en isolement) 
  • Patient en contact étroit avec un patient Covid-19 avéré (= patient en quarantaine) 
  • Patient présentant des symptômes évocateurs de Covid-19 (b) (doit être évalué par son médecin traitant pour définir la conduite à tenir).

Les soins non-urgents doivent être repoussés pour les patients du groupe 2. En cas de soins urgents, une attention spécifique doit être portée, car les recommandations peuvent différer. Il est conseillé de programmer les patients du groupe 2 sur des plages d’horaires dédiées, préférentiellement en fin de vacation, ou d’identifier une demi-journée réservée pour eux.

Accueil des patients :

  • La prise de température frontale et les tests sérologiques à l’arrivée du patient sont inutiles et non recommandés.
  • Un test de diagnostic PCR systématique n’est pas pertinent.
  • Les patients du groupe 2 ne doivent pas être en contact avec les autres patients.
  • Le patient doit réaliser une friction à la SHA, porter un masque bien ajusté et, en particulier, un masque chirurgical pour les patients à risque ou du groupe 2.

Professionnel symptomatique :

  • Lorsqu’un professionnel présente des signes évocateurs de Covid-19, il doit interrompre son activité professionnelle et prendre contact avec son médecin du travail ou son médecin traitant pour que celui-ci évalue les symptômes et prescrive un prélèvement diagnostique.

Professionnel en contact avec un cas avéré :

  • Contact dans le cadre de l’activité professionnelle : L’équipe soignante étant protégée par des équipements de protection individuelle adaptés, les professionnels ayant soigné un patient Covid-19 avéré ne sont pas considérés comme des cas contacts.
  • Contact dans le cadre privé : la conduite à tenir est la même que pour les non-professionnels de santé. Une stratégie de contact-tracing a été mise en place.

Pour l’ensemble des personnes travaillant au cabinet dentaire, il est recommandé les éléments suivants :

  • Avoir les avant-bras dégagés 
  • Avoir les ongles courts, sans vernis, faux-ongles ou résines 
  • Ne pas porter de bijoux, ne pas avoir de barbe, s’attacher les cheveux, s’ils sont mi-longs ou longs 
  • Porter une tenue professionnelle propre et dédiée à l’activité 
  • La tenue professionnelle ne doit pas quitter le cabinet. Autant que possible, les tenues professionnelles ne devraient pas être lavées au domicile des soignants 
  • Une friction avec une SHA ou un lavage des mains et des avant-bras au savon doit être réalisé à l’issue de chaque changement de tenue.

Pour le personnel qui n’entre jamais dans l’espace de soins, le port du masque chirurgical en continu est requis. En l’absence de dispositif anti-projections efficace en zone d’accueil, il sera nécessaire de porter des lunettes de protection ou un écran facial. La durée de port d’un même masque chirurgical ne doit pas excéder 4 heures.

L’équipe soignante et l’aide dentaire qui réalise le bionettoyage de la salle de soins doivent porter les mêmes types d’EPI.

Les règles d’usages des masques, habillage et déshabillage sont ici détaillées : 

  • Le masque FFP2 peut être conservé pour plusieurs patients s’il n’est pas souillé, mouillé ou manipulé.
  • Lorsque le soignant ne porte pas de masque FFP2, le port du masque chirurgical en continu est requis.
  • La tenue professionnelle doit être changée au minimum quotidiennement et dès qu’elle est souillée ou mouillée ou en cas de prise en charge d’un patient du groupe 2

Gestion des aérosols :

L’objectif est de réduire au maximum les aérosols contaminés en suspension dans la salle de soins.

Chronologiquement, le praticien doit :

  • Diminuer la contamination de l’aérosol créé (bain de bouche antiseptique pour le patient et pose de la digue) 
  • Réduire la quantité d’aérosols créés (contre-angle bague rouge plutôt qu’une turbine, débit d’eau au minimum nécessaire…) 
  • Aspirer au plus près les aérosols créés : aspiration puissante, double aspiration, travail à quatre mains 
  • Renouvellement de l’air pour les aérosols résiduels en suspension.

Protocole de soins :

  • Le patient garde son masque jusqu’au début du soin (y compris en salle d’attente) et le remet dès la fin du soin 
  • Un bain de bouche antiseptique est préconisé avant tout soin bucco-dentaire ;
  • Condamner l’utilisation des crachoirs (aspirer le bain de bouche ou le faire recracher dans un gobelet, un haricot ou un lavabo dédié) 
  • Les radiographies intra-orales doivent être réalisées avec précautions car elles stimulent la sécrétion de salive et peuvent provoquer un réflexe de toux 
  • L’utilisation de la digue doit être privilégiée dans toutes les situations cliniques possibles 
  • Une fois la digue posée de façon étanche, le champ est désinfecté avec de l’hypochlorite de sodium 
  • Utiliser une aspiration puissante, si possible deux aspirations 
  • Favoriser le travail à quatre mains 
  • En fonction de la situation clinique, le praticien évaluera la méthode la plus adaptée pour générer le moins d’aérosols possible, notamment en mettant en œuvre la démarche décrite au-dessus.
  • En cas d’administration de MEOPA, certaines précautions d’emploi sont nécessaires 
  • La prescription d’AINS doit être proscrite chez les patients atteints de Covid-19. La prescription d’AINS, en l’absence d’alternative efficace, est possible chez le patient asymptomatique et sans contact avec un cas avéré de Covid-19. Dans ce cas, la prescription doit être la plus courte possible (2 jours maximum) et le patient doit être informé qu’en cas d’apparition de symptômes (fièvre, toux, perte soudaine de l’odorat ou du goût, diarrhée…), il doit arrêter le traitement et reprendre contact avec le praticien 
  • La prescription d’une corticothérapie de courte durée (3 à 5 jours à 1 mg/kg/j) est possible chez les patients asymptomatiques et sans contact avec un cas avéré de Covid-19. Le patient doit être informé qu’en cas d’apparition de symptômes, il doit arrêter le traitement et reprendre contact avec le praticien.

Entre chaque patient :

Renouvellement de l’air :

Aérer au moins 15 minutes, fenêtre grande ouverte après :

  • Toutes les situations cliniques chez un patient du groupe 2 
  • Toutes situations cliniques générant une quantité importante d’aérosols 
  • Aérer dès que possible et pendant toute la phase de bionettoyage dans toutes les autres situations 
  • En situation normale, le masque est changé entre chaque patient. En cas de pénurie, si le masque FFP2 n’est pas souillé ou mouillé, il peut être conservé pour la durée de la demi-journée 
  • Les EPI sont changés (gants, tablier, manchons de protection des membres supérieurs ou surblouse) ou décontaminés (lunettes de protection / écran facial réutilisables) 
  • Les déchets de soins et les EPI souillés (gants, masques, surblouses à usage unique) sont à éliminer par la filière des déchets d’activité de soins à risque infectieux (DASRI) 
  • Les EPI non souillés sont éliminés par la filière des déchets ménagers dans des sacs dédiés à cet effet avec une procédure spécifique 
  • Procéder à l’hygiène des mains avec une solution hydro-alcoolique ou du savon (sans oublier les avant-bras, s’ils ont été exposés) 
  • Désinfecter l’ensemble des surfaces (fauteuil, unit, tuyau d’aspiration, plan de travail, poignées, etc.) avec un détergent-désinfectant complété par un rinçage et une désinfection avec de l’hypochlorite de sodium à 0,1% 
  • Avoir à l’esprit que des projections peuvent contaminer à plus de 1,5 m de la source et que les aérosols peuvent se redéposer à distance de la source 
  • Pré-désinfecter puis nettoyer les dispositifs médicaux avec un produit détergent-désinfectant 
  • Désinfection des empreintes : rincer les empreintes à l’eau froide pendant au moins 15 secondes puis les désinfecter avec un produit désinfectant 
    • Produits hydrophobes (silicones, polysulfures) : immersion dans un bac fermé pendant 30 minutes dans la solution d’hypochlorite, puis rinçage de l’empreinte sous l’eau courante froide 
    • Produits hydrophiles (alginate, polyéthers, pâte eugénol/oxyde de zinc) : Immersion 15 minutes dans la solution d’hypochlorite (risque de déformation) puis rincer sous l’eau froide 
    • Informer le prothésiste de la procédure de désinfection appliquée.
  • Rincer les tuyaux d’aspiration avec de l’eau 
  • Décontaminer les embouts réducteurs des aspirations 
  • Après un soin générateur d’aérosols, le bionettoyage doit être effectué avec des gants et des protections respiratoires et oculaires adaptées.

En fin de journée :

  • Nettoyage des sols par balayage humide, sans utiliser d’aspirateur, l’usage d’un détergent-désinfectant habituel est suffisant 
  • Nettoyage des surfaces hautes : utiliser un produit détergent-désinfectant virucide selon la norme EN 14 476, en spray ou lingettes pré-imprégnées 
  • Nettoyage et désinfection des filtres d’aspiration 
  • Pour les EPI non souillés, éliminés par la filière des ordures ménagères :
    • Utiliser un sac dédié à ces déchets 
    • Ne pas procéder à des transvasements de sac 
    • Doubler le sac par un deuxième sac 
    • Fermer le sac puis le stocker pendant 24h avant de le mettre à l’enlèvement.