Responsabilité du chirurgien-dentiste face à une urgence médicale dans son cabinet

Lors d’un soin dentaire, parfois même juste avant ou après, un patient peut se trouver dans une situation d’urgence médicale.

Cette situation possible, peut être due :

  • à la santé générale du patient
  • au contexte des soins dentaires occasionnant une situation de stress
  • à l’utilisation de matériels ou produits susceptibles de donner lieu à des réactions indésirables.

Le chirurgien-dentiste, comme tout citoyen, doit assistance à une personne danger, selon une responsabilité relevant du code pénal. Il doit donc venir en aide à son patient.

Cependant, en tant que professionnel de santé, deux types de responsabilité lui incombent :

  • une responsabilité délictuelle qui met en cause une faute intentionnelle, une négligence, relevant du droit commun.
  • une responsabilité contractuelle stipulée par l’arrêt Mercier qui définit le contrat entre le patient et son praticien. Ce contrat est synallagmatique

La responsabilité du praticien est engagée lors de la prise en charge d’un patient, il lui incombe 3 types d’obligations :

  • une obligation de savoir conforme aux données acquises de la science ;
  • une obligation de moyen incluant particulièrement le questionnaire médical daté et signé, un examen clinique, et éventuellement des examens complémentaires
  • une obligation d’information et donc d’un consentement éclairé

L’appel aux urgences

Les troubles les plus fréquemment rencontrés au cabinet dentaire sont les malaises vagaux et avec hyperventilation

Et dans une moindre proportion les réactions allergiques, l’hypoglycémie, es détresses cardio-ventilatoires incluant la fausse route, les hémorragies….

La principale responsabilité du praticien est de faire appel aux secours compétents et de préserver la victime jusqu’à leur arrivée. L’alerte, l’appel aux urgences est donc une action capitale.

Le numéro d’urgence européen est le 112, il nous permet, selon le département, d’être en relation soit avec le CODIS (les sapeurs-pompiers) soit avec le CCRA (SAMU et SMUR).

L’appel est réceptionné par un stationnaire qui effectue un interrogatoire précis, puis prend la décision de transférer l’appel à un médecin dont le rôle est d’évaluer la situation médicale et d’envoyer les secours les plus appropriés.

 Le message d’alerte doit être préparé par avance pour les données essentielles. Ensuite un bilan de gravité précis doit être formulé afin d’établir un arbre décisionnel indispensable au médecin urgentiste.

Transmission des informations préalables :

Le contenu du message est systématisé.

En tout premier, il est nécessaire d’indiquer qu’il s’agit d’un cabinet dentaire et que, de ce fait, le stationnaire s’adresse à un professionnel médical.

La localisation géographique est donnée de façon exacte et précise. Les détails d’accessibilité au cabinet, tel que le code, doivent être communiqués.

Il est donc judicieux de préparer un contenu type affiché afin qu’aucun détail ne soit oublié par vous ou votre assistante.

L’approche diagnostique – bilan de gravité

La phase d’approche diagnostique repose sur l’interrogatoire du patient et le bilan de gravité.

L’interrogatoire médical

Il apporte souvent des éléments essentiels à l’attitude, au diagnostic à apporter. Il est donc important d’en faire part lors de l’appel aux urgences.

Il doit comprendre :

  • les antécédents médicaux et chirurgicaux personnels et familiaux
  • les facteurs de risque cardiovasculaire tel que l’HTA, diabète, hyperlipidémie, tabagisme, obésité…
  • le terrain : âge, sexe, habitude de vie
  • les traitements suivis

Le bilan de gravité

Avant l’appel aux secours, un bilan de gravité doit impérativement être posé.

Les fonctions vitales attirent en tout premier notre attention. Les signes doivent être rattachés au contexte de défaillance.

Les trois fonctions vitales, c’est-à-dire la fonction neurologiques, puis ventilatoire et enfin cardio-vasculaires sont évaluées et leur évolution surveillée.

  • La fonction neurologique : elle est contrôlée par une stimulation verbale et/ou nociceptive (questions simples, ordres simples demandés). La réponse du patient peut être correcte, spontanée donc la fonction neurologique n’est pas atteinte. Elle peut être incorrecte, confuse, le patient présente une obnubilation. L’absence de réponse ou de réaction signifie que le patient est inconscient.
  • La fonction ventilatoire : elle est évaluée par les mouvements de l’abdomen qui traduisent la fréquence respiratoire (FR). Ils peuvent être réguliers, rapides (sup. à 20/min), lents (inf. à 10/min) ou absents. L’observation des téguments (cyanose) et la mise en jeu des muscles respiratoires accessoires sont aussi à noter

Une FR absente, le patient va inévitablement passer en arrêt cardiaque !

  • La fonction cardio-vasculaire : elle s’observe le plus facilement par le pouls carotidien (entre le sterno-cléido-mastoïdien et la trachée). Le pouls est rapide au-dessus de 100 pulsations/min (tachycardie), et lent en dessous de 50 pulsations/min (bradycardie). L’ABSENCE DE POULS SIGNALE UN ARRET CARDIO-CIRCULATOIRE. On peut aussi noter la présence de sueurs, de pâleur, teint gris, marbrures….

Les premiers gestes sont réalisés par le praticien en attendant les secours à partir du moment où certains éléments ont été diagnostiqués. Ce qu’il faut retenir c’est qu’avant tout geste (si on est seul) ou en même temps, il est indispensable de passer l’appel aux secours. Sans cet appel, aucune aide ne pourra être apportée au praticien. Des mots clés doivent choisis, afin que l’opérateur puisse envoyer les secours adaptés à la situation. Par exemple dire arrêt cardiaque, massage cardiaque en cours et non malaise cardiaque.

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